AURELIE BIDERMANN
AURELIE BIDERMANN EST UNE CREATRICE DE BIJOUX FRANÇAISE
Imaginez une rencontre entre le Paris de Patrick Modiano et la légèreté hypnotisante d'une Bianca Jagger, les lignes de l'architecture haussmannienne et la fluidité d'une robe Halston. Imaginez la collision entre classicisme minéral et exubérance tropicaliste, la place de I'Etoile et les jungles d'Amérique du Sud, et vous aurez une idée de qui est Aurélie Bidermann. Une éducation en plein cœur du 16ème arrondissement, comme un cliché d'un Paris à l'élégance et au savoir-vivre toujours innés. Des parents collectionneurs, piqués d'Art Nouveau, de Symbolisme et d'Orientalistes.
Des voyages précoces, qui substituent aux lignes droites et aux toits de zinc les futaies émeraude des jungles d'Amérique du Sud ou la sensualité des îles océaniennes, les couleurs vives de fleurs inconnues, le bleu cobalt d'un océan à perte de vue. Voila le creuset créatif d'Aurélie Bidermann, également couvé par une grand-mère qui faisait réaliser parures, tubes de rouges à lèvre et poudriers Place Vendôme. L’époque est à ces petites figures animalières, canards d'or aux plumes laquées et aux yeux de saphirs, chiots au pelage tacheté d'onyx, tortues à la carapace émaillée : un rêve de petite fille qui customise les sautoirs de sa mère à coup de fleurs découpées dans des feuilles de papier.
Autant dire que le bijou, pour Aurélie Bidermann, est synonyme de spontanéité, d'amusement, de gaité. Elle se lance seule, endosse les casquettes de créative, commerciale, ambassadrice. Il y a des fils de coton, des pierres de couleurs, des silhouettes d'éléphants et des libellules de nacre. C'est joyeusement décomplexé, nomade, naturaliste : plus de frontière entre le précieux et la fantaisie, dès lors qu'il s'agit de se faire plaisir et de mettre en lumière sa féminité.
Quand la première boutique arrive, c'est, plus qu'un espace de vente, une histoire à quatre murs, entre Palm Springs, Rio, Jaipur et Saint Germain-des-Prés. L'impatiente à vocation manuelle - elle s'était imaginée commissaire-priseur, pourrait être céramiste ou sculpteur - imagine un lieu comme un livre ouvert, un album fantastique où feuilles de trèfles et de ginkgo vont de pair avec ornements navajos, épis de blés, pompons de soie joyeusement additionnés. Les empilements de bracelets et de bague, les équations de couleurs, les mélanges de matières invitent bientôt la haute joaillerie.
Mais là aussi, le très précieux sait s'amuser : les trognons de pommes se piquent de pierres précieuses, les grelots résonnent aux tempos des diamants, scarabées et coccinelles sont sur le point de déployer leurs ailes de saphirs ou de tsavorites. C'est drôlement précieux, insolemment féminin : un luxe gourmand et impeccablement pensé, à l'image d'une créatrice ne se séparant jamais de ses bracelets gravés de signes porte-bonheur : trois petits yeux, des chiffres... « Car finalement », dit-elle, « ça ne me fait pas peur d'y croire, ça m'amuse d'y penser ». Le meilleur style n'est-il pas, après tout, question de légèreté ?